Le parc éolien Les Neyrolles/Brénod et ProBugey dans la presse.

Le Progrès n°20220511 du 11 mai 2022

Les banderoles visées étaient situées sur des terrains privés Photo Progrès /Jean Louis ROSSINI

Malgré l'incendie de plusieurs banderoles, l'association ProBugey réaffirme son opposition au projet de parc éolien et réclame l'organisation d'une réunion publique par la mairie.

Créée à fin mars début avril, l'association ProBugey est opposée au projet d'implantation d'un parc éolien dans la commune de Brénod et elle le fait savoir. En plus de la publication d'un bulletin mensuel, elle a installé sept banderoles, la semaine dernière, pour tenter de mobiliser les habitants sur ce dossier. Trois d'entres elles, situées sur des parcelles privées, sont parties en fumée dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 mai.

Une main courante déposée

« Nous sommes choqués par cet acte irresponsable, qui émane d'un ou de plusieurs incendiaires », s'indignent les représentants de ProBugey. « En plus des conséquences dramatiques que ces feux auraient pu avoir, ils constituent une entrave à notre liberté d'expression. »

Les dégradations aayant été commises sur des terrains privés, une main courante va être déposée auprès de la gendarmerie et le chef de corps du Centre de première intervention (CPI) a été alerté à titre préventif.

Au stade des prémices

Le projet éolien, à cheval sur Les Neyrolles et Brénod, n'est encore qu'à ses balbutiements: les deux petites communes, attirées comme d'autres avant elles dans le Haut-Bugey par la perspective de nouvelles recettes fiscales, ont été démarchées ces derniers mois par des opérateurs et ont accepté d'observer la faisabilité et le potentiel d'une centrale en 2022. Mais elles ne se sont pas engagées, Les Neyrolles ayant toutefois déjà signé une promesse de bail « pour voir ». L'association ProBugey est née dans la foulée. Revendiquant le soutien de plusieurs élus locaux, elle estime « avoir permis à de nombreuses personnes de découvrir un projet dont elles ignoraient l'existence ».

Article par Jean-Louis ROSSINI - 10 mai 2022 - Le Progrès

Un comité local en cours de constitution

Dans un prochain bulletin, l'association va demander la mise en place par la mairie d'un conseil local expert de projet éolien avant la signature de tout autre document engageant la commune. Elle réclame également « la tenue d'une réunion publique destinée à informer les habitants, à favoriser les échanges et à atténuer les clivages ». Les membres de l'association poursuivent: « En cas de réponse négative, nous prendrions l'initiative d'une telle rencontre, sachant que nous nous plaçons dans une logique de dialogue. »

Contacté, le maire Etienne Ravot précise « qu'un comité local est en cours de constitution avec des personnes, qui ont été tirées au sort lors du dernier conseil municipal ». Il rappelle par ailleurs que « des réunions publiques seront mises en place, dès lors qu'un opérateur aura été retenu ».


Jean-Pascal Rolandez, président de Pro Bugey (2 e en partant de la droite), entouré de membres de l’association. Photo Progrès /Jean Louis ROSSINI

REACTION « Une procédure longue et complexe »

Etienne Ravot, maire de Brénod

« Durant le second semestre 2020, la commune a été sollicitée par différents opérateurs dans le cadre du plan national de développement des énergies renouvelables. Le 20 septembre 2021, le conseil municipal s'est prononcé en faveur de l'engagement d'études préalables afin d'identifier les sites suceptibles d'accueillir un parc éolien. En février dernier, une décision de principe a été adoptée afin d'autoriser le maire à signer une promesse de bail avec un opérateur non encore déterminé.

Nous sommes en présence de procédures longues et complexes, dont la durée est estimée à 5 ans. Les démarches doivent prendre en compte un vaste ensemble de critères comme les contraintes relatives à la navigation aérienne civile et militaire, la coexistence avec les radars de surveillance du territoire, l'impact sur le cadre de vie, l'hydrologie, le milieu naturel et la biodiversité. Les sites potentiels d'implantation obéissent par ailleurs à une réglementation très précise en matière de distances à respecter vis-à-vis des habitations, des voies de communication et des réseaux de transports d'énergie existants. Dans tous les cas de figure et en temps utile, des réunions d'information seront organisées à l'attention de la population. Un comité de suivi sera mis en place dès lors qu'une promesse de bail aura été signée, ce qui n'est pas encore le cas.

Un tel projet sera conduit en toute transparence et dans le respect des opinions de chacun, une opération de cette nature étant soumise à enquête publique. Toutes les personnes ayant souhaité un rendez-vous ont été reçues individuellement. Nous avons également communiqué sur le sujet par l'intermédiaire du bulletin municipal, qui est envoyé par la Poste aux habitants. Celles et ceux qui désirent davantage d'informations peuvent venir se renseigner directement en marie ».

Des opposants au projet de parc éolien ont rejoint une association, ProBugey, qui entend oeuvrer à « la défense et la protection des paysages, des sites et des espaces naturels du haut Bugey ».

« L'association que nous venons de créer a pour objet la défense et la protection des paysages, des sites et des espaces naturels du haut Bugey, et plus particulièrement ceux des communes de Brénod, de Chevillard, des Neyrolles et du Haut-Valromey, explique Jean-Pascal Rolandez, le président de ProBugey. Nous voulons également sensibiliser les populations, les élus locaux et l'opinion publique à la beauté, à la tranquilité et à la fragilité de cet environnement ».

Protéger les espèces animales et végétales endémiques

Une quarantaine d'adhérents ont déjà rejoint le groupe, qui se fixe aussi pour mission de conserver ces lieux « contre les constructions de tous types risquant de les abîmer comme les éoliennes, les tours de télécommunication, lignes électriques, poteaux téléphoniques, bâtiments ou autres édifices susceptibles de leur porter atteinte ».

ProBugey entend par ailleurs protéger les espèces animales et végétales endémiques en soutenant une gestion du territoire cohérente entre l'activité humaine, le calme, l'équilibre des forêts et le retour des espèces sauvages sur les massifs du haut Bugey.

Le projet de parc éolien en ligne de mire

Parmi les membres de l'association, on retrouve notamment des riverains potentiels opposés aux études préalables engagées en vue de l'implantation éventuelle d'un parc éolien à Brénod. « Certains d'entre nous vivent ici depuis des générations alors que d'autres ont précisémment choisi de s'y installer en raison des caractères spécifiques de ce milieu préservé, soulignent-t-ils. Des secteurs comme les combes de Léchaud, de Férirand ou les étangs Marron méritent d'être protégés et non pas défigurés ».

Les craintes concernent entre autres l'impact visuel, sonore et écologique d'une telle opération ainsi que l'aménagement des voies d'accès liés à sa réalisation.

Les membres de l'association mettent par ailleurs en cause la municipalité pour une absence d'information et de concertation, y compris avec les habitants qui seraient directement concernés.

Le bureau de ProBugey se compose de Jean-Pascal Rolandez (président), Steve Leguy (vice-président), André Combet (trésorier), Sylvie Paturel (secrétaire).

Article par Jean-Louis ROSSINI - 8 avril 2022 - Le Progrès


Les deux communes du haut Bugey ont accepté d’étudier la faisabilité d’une implantation d’éoliennes sur leurs territoires limitrophes. Le début d’un long parcours, parfois ponctué par un échec comme à Charix et Échallon, parfois couronné de succès comme à Apremont.

Le haut Bugey demeure un terrain de prospection d'éoliennes. Même après l'abandon du seul projet rescapé à Echallon en juillet 2021, alors à un stade avancé. Depuis un an, les communes des Neyrolles et de Brénod regardent à leur tour si le vent ne pourrait pas leur être financièrement favorable.

« Nous avons été démarchés par plusieurs opérateurs, dont une société allemande, qui exploite une trentaine de parcs éoliens en France », raconte le premier adjoint des Neyrolles, Jacques Zacharie. Après réflexion, le conseil municipal a validé l'idée fin mai « à l'unanimité " et même signé une promesse de bail en novembre. « Pour voir. »

Chez les voisins du dessus, à Brénod, le maire Etienne Ravot n'a « encore rien signé ». Il dit avoir été sollicité par « sept ou huit opérateurs différents ». Son conseil a voté une délibération de principe en septembre puis une délégation de signature fin février 2022, dont il n'a pas usé. « J'attends d'avoir des éléments concrets. On a rien de précis, sur le nombre d'éoliennes par exemple. Deux ? Trois ? Quatre ? Je suis dans l'attente. »

Une vaste zone d'étude a été délimitée à l'ouest de la D57 qui relie les deux bourgs. Le foncier n'y est pas que communal. Ce couloir jalonné de crêtes est en partie cartographié comme « zone propice " sur le schéma éolien départemental. Mais cela ne préjuge en rien de la réussite ou non de l'opération, qui devra parcourir un long chemin administratif avant, peut-être, d'aboutir dans quelques années (lire par ailleurs).

Tout reste à faire

L'hypothèse de départ évoquerait « quatre à sept éoliennes » selon Jacques Zacharie, « dont deux aux Neyrolles ». Mais c'est au conditionnel, l'accord des deux communes étant requis. Tailles, puissances, implantations... Tout cela ne pourrait être précisé qu'après une phase d'études préalables, prévues en 2022. La pose d'un mât de mesure permettrait alors au candidat à l'exploitation d'évaluer le potentiel réel des vents. En cas de poursuite du projet, la concertation auprès des habitants devrait s'accélérer, avec des réunions publiques de présentation. Sans transparence, pas de consensus ; sans consensus, difficile de bâtir des éoliennes...

Question d'avenir budgétaire

La perspective de nouvelles recettes pour la commune a pesé lourd dans la décision des élus neyrollands.

« Ca représente 5% de notre budget en revenus attendus, location et taxes », estimeJacques Zacharie. Le maire Lucien Juillard ajoute : « En fait, on cherche surtout à maintenir notre budget. » Sans avoir recours au levier fiscal.

La mauvaise santé de l'économie forestière, la réforme fiscale ou encore ke coût actuel des énergies les incitent à la prudence. A « ménager l'avenir ". Lucien Juillard a suivi de près le chantier d'Apremont. « Il n'y a aucun impact visuel. On ne peut pas le nier. Mais pour les lignes à haute tension de l'usine d'eau, c'est pareil... »

Article par Antoine DELSART - 19 mars 2022 - Le Progrès

La commune des Neyrolles, ici représentée par le maire Lucien Juillard et son 1 er adjoint Jacques Zacharie, va étudier la faisabilité d’un parc d’éoliennes situé sur les hauteurs. Photo Progrès /Antoine DELSART

Aboutira ou aboutira pas ?

On sait quand démarre un projet éolien, pas quand (ou si) il va aboutir. L'exemple de celui de la Ravière du côté de Rossillon (depuis 2006!) est là pour le rappeler. A Charix puis Echallon, la filiale CN'Air de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) a dû renoncer face à l'impérieuse nécessité de préserver un environnement immédiat fragile. Elle s'était d'elle-même effacée en octobre 2019 pour ne pas déranger un couple d'aigles royaux à Charix. Leurs survols auraient aussi provoqué des arrêts automatiques de pales, donc freiné la rentabilité du site.

L'été dernier, c'est la préfecture qui avait sifflé la fin de la partie à Echallon, estimant le parc incompatible avec l'habitat d'une faune rare et fragile, à l'image du Grand Tétras. Les hauteurs des Neyrolles sont si proches... à vol d'oiseau. De quoi laisser planer le doute sur les chances de succès du dossier ? Rappelons que celles d'Apremont, voisines elles aussi, tournent sans faire de vagues depuis 2020. Mais parfois l'éolien divise. A Innimond, la fronde de plus de la moitié du village avait finalement balayé le projet. Qu'en sera-t-il aux Neyrolles et à Brénod ? Des voix contre semblent déjà s'élever. L'avenir dira si elles portent.